Soumise dans l’âme, et propriété exclusive de mon Seigneur et Maître, je me suis découverte à travers l’écriture il y a quelques années. Tout a commencé avec un simple défi que je m’étais lancée à moi-même: oser écrire une scène érotique sans faire l’impasse sur les mots crus. Depuis toujours l’écriture m’a attirée, mais je n’avais jamais envisagé ce style. Pourtant, alors que je tentais tant bien que mal d’aligner les mots pour écrire une scène de « sexe », et décoincer un peu ma plume, je me suis prise au jeu et mis en forme une situation érotique un peu … délurée. Cette scène, la toute première que j’ai écrite, correspond aux premières pages de Devenir Sienne, je n’ai rien changé. Curieuse de savoir ce qu’on en penserait, je l’ai postée sur un forum de textes érotiques. Les retours furent positifs, et j’ai décidé de poursuivre. J’avais aimé ce que j’avais déjà écrit, alors plutôt que d’inventer une autre histoire, j’ai continué. Encore et encore. Découvrant en même temps que mes personnages, ce monde qui m’attirait et sur lequel je mettais mes propres mots. J’ai imaginé les situations, les personnages. J’ai vite voulu plus et aller plus loin, j’ai alors inventé Hantz et Laura pour pouvoir me permettre des pratiques plus dures et des situations qui pour moi étaient plus excitantes.
En parallèle de cette écriture, j’ai fait des rencontres, j’ai échangé avec des soumises qui m’ont parlé de leurs propres conditions. Avec des lecteurs qui découvraient jours après jours les petits bouts de Devenir Sienne que je publiais régulièrement, et qui m’ont encouragée à poursuivre. J’ai aussi fait LA rencontre qui allait me changer à jamais. Lorsque mon Maître m’a fait l’honneur de me prendre pour soumise, écrire n’était plus une priorité, je n’avais plus besoin d’extérioriser mes envies. J’ai alors décidé de mettre fin à cette histoire pour ne pas la laisser inachevée. Je m’étais attachée à mes personnages, et autant pour Laura que pour « Elle » je voulais les laisser dans « de bonnes conditions ».
La réalité a dépassé la fiction et je me suis épanouie en tant que soumise aux pieds de mon Maître, bien au-delà de ce que j’aurai pu l’écrire. Lorsqu’à sa demande, j’ai proposé Devenir Sienne à quelques maisons d’éditions et que j’ai été publiée, j’ai vu ça comme une consécration, un aboutissement. Mais ce n’était pas le cas, juste un commencement. Je n’avais pas vraiment l’envie d’écrire un autre livre. J’écrivais des récits de ce que je vivais que je gardais pour Lui et moi, et c’était suffisant. Mais l’envie est revenue d’un coup. Incontrôlable. J’ai alors entamé L’Esclave. Ce livre m’est très personnel, pour plusieurs raisons, mais il n’est pas autobiographique. J’appréhendais beaucoup les retours, craignant des déceptions. Ce n’est pas facile d’écrire un « deuxième » livre, on sait qu’il sera comparé au premier. D’autant plus que l’histoire est « dure » dans certains aspects. Il a été très bien apprécié et c’est à ce moment-là que j’ai vraiment su que je continuerai à écrire. J’en retire tellement de choses…
Depuis, L’Éveil de l’Ange et L’Envol de l’Ange ont été publiés. Deux livres qui se suivent, moins hard et davantage basés sur la réflexions d’une soumise qui découvre ce monde. J’avais envie d’écrire quelque chose qui permettrait à des novices ou des personnes étrangères à ce monde, de le découvrir « en douceur ». Malgré tout, ça reste bien loin des 50 nuances ou autres romances BDSM. J’ai d’ailleurs eu des retours de personnes trouvant cela encore bien trop extrême. Mais pour moi, ça ne l’était pas. Ajouté à cela une fin très compliquée à écrire dans L’Envol de l’Ange, j’ai voulu lâcher prise complètement, et c’est ce que j’ai fait avec mon cinquième roman: Marquée au Fer. Le titre parle de lui-même. J’ai retrouvé Laura et Hantz, les personnages de Devenir Sienne, pour raconter leur histoire. Il n’a pas toujours été facile de tout faire coïncider avec ce que j’avais déjà écrit, car certaines scènes se croisent, mais c’était un exercice intéressant, et j’ai aimé écrire ce livre, et ne pas me mettre trop de limites. Jusqu’à présent, les critiques sont très positives. J’insiste tout de même sur le fait que ce roman est le « plus difficile ». Certaines scènes SM peuvent choquer.
Chacun de ces livres m’a valu la fierté de mon Maître, et j’oserai dire que rien que pour ça, je suis heureuse de les avoir écrits. Mais au-delà de ça, l’écriture m’a véritablement changé. Chaque retour que l’on me fait, chaque larme d’émotion que l’on me raconte… c’est magique. Certain(e)s d’entre vous m’ont dit que mes romans avaient changé quelque chose dans leur vie, positivement, ça n’a pas de prix. Certain(e)s viennent de loin pour me rencontrer lors de séances de dédicaces et beaucoup me suivent depuis longtemps avec toujours des mots et des attentions qui me touchent.
Mon Maître souhaite que je continue de m’épanouir dans l’écriture et je compte honorer cette demande. Après Abnégation, Turbulences, Evidence (le plus autobiographique) et Parfums d’Elles (un recueil de nouvelles) , j’ai eu envie de me lancer un défi supplémentaire et écrire un roman dans un tout autre style, le roman noir. C’est ainsi qu’est né « Sombre folie« . Il pourrait être le livre qu’a rédigé Solange dans L’Envol de l’Ange.
Après cette parenthèse, je suis revenue au sujet qui m’inspire le plus, le BDSM, et j’ai exploré un domaine qui m’est inconnu, la pluralité. Plurielles est actuellement mon dernier roman, publié en décembre 2023.
Eva Delambre