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Violences envers les femmes et BDSM

J’ai présenté mes romans BDSM lors du Salon de la littérature érotique de Paris, le dimanche 24 novembre 2019. La veille était organisée une grande manifestation pour la journée internationale de l’élimination de la violence à l’égard des femmes.

Certaines personnes m’ont interpellée à ce sujet, et j’ai eu plusieurs échanges intéressants sur l’amalgame qui est parfois fait entre le SM et les violences que peuvent subir certaines femmes dans leur couple. J’ai du mal à faire ce lien tant il s’agit pour moi de deux choses complètement différentes.

Cependant, je ne peux que constater qu’on m’interroge régulièrement sur ce sujet. Mes romans ne risquent-ils pas de promouvoir la violence ou de la dédramatiser ? Comment puis-je assumer être partisante du BDSM alors que tant de femmes souffrent de violences et de soumission contrainte ?

J’avais déjà évoqué ce sujet dans un article publié à l’occasion de la journée internationale des droits de la femme, mais de toute évidence, il reste d’actualité.

En tant que femme, je suis bien évidemment contre toutes les violences faites aux femmes. Je trouve inadmissible qu’un homme profite de sa force physique ou psychologique pour contrainte, pour frapper et soumettre une femme qui ne reste avec lui, en général, que par manque de solutions et par peur de représailles. Je suis dans ce domaine, militante et féministe convaincue.

La notion la plus importante à retenir et qui fait toute la différence entre ces violences et celles que l’on peut retrouver dans le BDSM tient en un seul mot : consentement.

Bien que je n’aime pas cette façon de parler du BDSM, on peut dire qu’il s’agit d’un contrat. Deux partenaires établissent des règles et pratiquent librement et en conscience. Une soumise doit être libre de mettre fin à une relation à tout moment, sans aucune pression ni représaille. Sinon, il ne s’agit plus de BDSM. Le dominant respectera les limites établies et ne cherchera à les dépasser qu’en s’assurant qu’il s’agisse d’une vraie volonté de la part de sa soumise.

Bien sûr, certain diront que parfois, la soumise subit peut-être plus qu’elle ne le voudrait, de peur de perdre son maître. Dans ce cas, elle devra se remettre en question pour savoir ce qu’il en est réellement de sa relation. Un maître de qualité saura l’écouter et si les attentes diffèrent trop, alors en effet, la relation ne pourra pas perdurer.

Pour imager toute l’importance de la notion de consentement, je prends souvent l’exemple d’une femme qui a un rapport sexuel consenti, et de celle qui se fait violer. C’est la même chose avec le BDSM. Une soumise qui se fait gifler par son maître, parce qu’elle lui a donné ce pouvoir sur elle, ne ressentira absolument pas la même chose qu’une femme qui se fait gifler par son mari dans le cadre de violences conjugales. Le geste peut être le même en apparence, mais il reste très différent dans son sens et dans la façon dont il est vécu.

Je n’ai pas du tout le sentiment de faire l’apologie de la violence envers les femmes dans mes romans. Je prends toujours le temps d’insister sur le consentement, sur le désir de vivre de telles situations et sur le contexte particulier de ces scènes de sado-masochismes. Car c’est bien de cela dont il s’agit : le masochisme correspond au plaisir pris dans la souffrance ou l’humiliation subie. Que la soumise prenne du plaisir physiquement dans la douleur, ou mentalement dans le fait de l’avoir subie, la notion de plaisir est bien présente.

Au départ, mes romans n’avaient pas d’autres buts que de donner du plaisir à mes lecteurs, de faire découvrir différentes pratiques et de pimenter lectures et soirées. Petit à petit, j’ai voulu expliquer davantage les mécanismes qui se mettent en place lorsqu’une femme décide de se soumettre à un maître. J’ai tenté d’analyser les ressentis, les émotions et les sensations afin de donner une image juste, je l’espère, de ces relations.

Certaines femmes m’ont avoué avoir été déculpabilisées après m’avoir lue. Elles étaient mal à l’aise avec leurs envies et leurs fantasmes, elles se sentaient anormales et perverses, elles n’osaient pas vivre ce qui les faisaient vibrer et s’enfermaient dans des vies vanilles insatisfaisantes. Si mes livres ont permis à certaines d’entre elles de s’assumer et de ne plus se sentir coupable, alors je sais que j’ai bien fait de les écrire.

Le monde du BDSM n’est pas pour autant toujours « rose ». Je suis la première à le dire et c’est ce que j’ai aussi voulu exprimer à travers mon dernier roman « Turbulences », à petite dose, certes, mais quand même. Beaucoup de mauvaises personnes s’autoproclament « maîtres » et abusent de leur position de « dominants » pour profiter de l’emprise qu’ils ont sur leurs soumises. Il n’est pas exclu qu’une relation BDSM puisse basculer dans quelque chose de très malsain. Je conseille toujours beaucoup de prudence aux soumises qui souhaitent se lancer et rencontrer un maître.

Je rentrerais plus en détail dans les précautions à prendre lors d’une telle rencontre dans un prochain article si cela vous intéresse.

N’hésitez pas à me le dire en commentaire.

1 commentaire

  1. Thibault a dit :

    Quel bonheur de vous lire ma chère,
    Votre texte devrait être en mesure d’en éclairer plus d’une et plus d’un aussi sur cette grande différence parfaitement expliquée… Et la grande différence entre un abuseur et un Dominant digne de ce nom, primordial de discerner ces deux-là aussi car, à mon humble avis, le nombre d’abuseurs s’accroit de plus en plus au sein de notre merveilleux monde…

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